Türk Fransız Kültür Derneği (TFKD) | Assosciation Culturelle Turque France (ACTF)

À PROPOS DES RELATIONS TRADITIONNELLES ENTRE LA TURQUIE ET LA FRANCE

L'Association Culturelle Turquie-France a été fondée en 1949 à Istanbul par 32 personnalités turques et françaises « dans le but de développer les relations culturelles entre deux pays liés par une amitié historique. » Outre les coopérations politiques, économiques, technologiques et culturelles de plus en plus intenses entre les gouvernements, les initiatives sociales se développent également de nos jours.

Une brève analyse suffit pour identifier le caractère amical, voire traditionnel, des relations de cinq siècles entre les deux États. Cette réalité repose avant tout sur les situations géopolitique et géostratégique respectives des deux pays. Les deux parties ont toujours été, et demeurent encore aujourd'hui, sensibles à toute action susceptible de perturber l'équilibre des puissances en Europe. L’alliance contre Charles Quint au XVIe siècle, la Guerre de Crimée en 1853, la Triple Alliance en 1939 et l’adhésion à l’OTAN après la Seconde Guerre mondiale en sont les principaux exemples. Aujourd'hui, cet état de fait s’enrichit d'intérêts communs en faveur de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient. Ainsi, on peut dire qu'au fondement des relations actuelles entre la France et la Turquie réside une complémentarité des intérêts dans presque tous les domaines.

Sur le plan culturel, il n'existe aucune incompatibilité insurmontable. Certes, les Turcs sont musulmans et vivent dans la civilisation islamique depuis un millénaire. Cependant, depuis un siècle, ils aspirent eux-mêmes à adopter la civilisation occidentale et, malgré toutes les difficultés, progressent lentement vers cette adaptation. Il convient également de noter que la France a largement servi, et continue de servir, de modèle pour la Turquie dans son processus de modernisation.

À cet égard, le français revêt une importance particulière en tant qu'outil de communication. Le nombre d'écoles françaises en Turquie augmente rapidement. Des projets visent à multiplier les établissements, allant des écoles maternelles aux collèges et lycées. Bien que l'enseignement en français dans les universités ne soit pas encore au niveau souhaité, il existe tout de même. Bien qu’il ait été ultérieurement supplanté par l’anglais à l’échelle mondiale, le français conserve une réelle influence par sa structure sociale, son art et sa littérature. Le Lycée et l'Université de Galatasaray, ainsi que le Département de Langues et Littératures Françaises de l'Université d'Istanbul et une section francophone de sciences politiques et administratives à l'Université de Marmara, en sont les principales illustrations.

Les Français ne connaissent pas encore suffisamment la Turquie moderne et, parfois, semblent victimes d’anciens préjugés à notre égard. Bien que la tâche d’améliorer cette situation ne soit pas simple, nous ne devons pas perdre confiance. Par exemple, le tourisme croît dans les deux sens ; des livres sont publiés dans chaque pays ; et des associations Turquie-France ainsi que des Instituts de recherche français sont actifs dans les deux nations.

L’Ambassadeur retraité défunt, M. İsmail Soysal, écrivait à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française :

« Pendant les quatre premiers siècles de nos relations, il y avait un vide en matière d’information et de communication. À vrai dire, à cette époque, tout nous séparait : nos religions, nos modes de vie, nos mentalités, etc. Cependant, à partir du XVIIe siècle, les turcologues et voyageurs français ont transmis à leurs concitoyens des connaissances précieuses sur la Turquie. L’inverse, cependant, ne s’est pas produit. Les Turcs n’ont commencé à apprendre la langue et la culture françaises qu’au XIXe siècle. Aujourd'hui, surtout depuis Mustafa Kemal Atatürk, nous avons largement surmonté cette période pour nous retrouver à la lumière de la civilisation moderne. »

À cet égard, je demande à nos amis français de faire preuve d'un peu de patience à l'égard de la Turquie. N’oubliez pas qu’elle est le seul pays laïque du monde musulman. Dans un pays qui, depuis la Renaissance, est resté longtemps en marge du développement de l'Occident, la laïcité constitue un prérequis indispensable pour la modernisation et la démocratie.

Aujourd’hui, si nous persistons sur la voie démocratique en Turquie, ce n’est pas pour obtenir la sympathie de l’Occident, mais dans notre propre intérêt. Certes, ce parcours a connu des périodes intermédiaires, mais quel pays européen n’en a pas connu aux XIXe et XXe siècles ?

Si nous voulons mettre fin à la division historique entre l’Orient et l’Occident, qui perdure depuis les Croisades, la position, l’action et l’exemple de la Turquie moderne constituent des éléments constructifs. La célèbre phrase de Kipling, « L’Orient est l’Orient, et l’Occident est l’Occident, et jamais les deux ne se rencontreront », ne doit pas devenir une fatalité inévitable.